LES SENS DES PLANTES

La Nature est extraordinaire de beauté, mais aussi d’intelligence. En effet, comme nous allons le voir, le comportement des végétaux est si subtil et développé qu’on peut le qualifier d’intelligent, même s’il ne s’agit pas de l’intelligence humaine telle que nous la connaissons.

À ce jour, on a recensé plus de 700 sortes de capteurs sensoriels différents chez les plantes! Ainsi, comme chez l’humain, on retrouve des capteurs liés aux 5 sens :

  • La vue

  • L’odorat

  • L’ouïe

  • Le toucher

  • Le goût

LA VUE

La lumière – en fait le soleil – est un élément important pour tous les organismes vivants sur notre planète. Toute la vie provient du soleil. On voit combien le soleil est important pour une plante qui s’oriente toujours vers lui. Une plante ne peut pas se mouvoir aussi librement qu’un animal ou que l’humain, mais elle s’oriente toujours de façon à être exposée à ses rayons lumineux.

Il est intéressant aussi de constater que plusieurs fleurs ouvrent leurs boutons durant le jour, pour recevoir les rayons lumineux du soleil, puis se referment à la tombée de la nuit. Des capteurs permettent à la plante de distinguer la lumière et la pénombre.

Étonnamment, des expériences ont montré que les plantes peuvent détecter des longueurs d’ondes dans l’ultra-violent et aussi dans l’infrarouge, ce qui n’est pas possible pour l’homme. Leur sens de la vue – leur capacité à percevoir la lumière et s’y adapter – est donc considérablement développé.

L’ODORAT

Nous savons tous combien les parfums des plantes peuvent ravir nos sens. L’odeur des végétaux fait partie de grands bonheurs pour l’homme : la menthe, la rose, la lavande, le citron, etc. Mais l’odorat est également un sens important pour les plantes. Oui les plantes peuvent sentir! Elles vont utiliser leur odorat de bien des manières.

Par exemple, les feuilles de certaines plantes carnivores émettent des odeurs de fleurs pour attirer leurs proies. En 2010, des biologistes et des chimistes du laboratoire Botanique et bioinformatique de l'architecture des plantes (Université Montpellier 2 et Université du Brunei sur l'île de Bornéo) ont publié le fruit de leurs recherches dans le Journal of Ecology, portant sur les feuilles de la plante carnivore Nepenthes rafflesiana, en Asie du Sud-Est. Les plantes carnivores se sont adaptées à leurs milieux pauvres en nutriments en piégeant et digérant de petits animaux, majoritairement des insectes.

Les plantes carnivores de l'espèce Nepenthes rafflesiana, que l’on retrouve en abondante au Nord de Bornéo, possèdent des feuilles en forme d'urnes contenant une « salive » gluante qui piège les insectes et empêche leur fuite. Ces feuilles ont développé tout un éventail de traits communs avec les fleurs : du nectar et des couleurs souvent vives ou des guides ultraviolets qui ont, de tout temps, intrigués les scientifiques qui ne comprenaient pas pourquoi.

En travaillant en collaboration avec des chimistes, les biologistes ont pu montrer que ses feuilles sont également capables de produire des odeurs florales pour attirer leurs proies. À la base de cette découverte, une constatation : en fonction de leur situation sur la plante, au ras du sol ou en hauteur, les urnes ne capturent pas les mêmes proies. En effet, les urnes aériennes de la plante ont une odeur agréable et piègent une gamme variée d'insectes alors que les urnes terrestres, peu odorantes, capturent essentiellement des fourmis.

Les chercheurs ont d'abord comparé sur le terrain les insectes visitant ces deux types d'urnes. Les urnes aériennes, même lorsqu'elles sont placées à terre attirent plus d'insectes que les urnes terrestres, et notamment toute une variété d'insectes consommant habituellement le nectar ou le pollen des fleurs : mouches, moustiques, papillons, coléoptères, abeilles, guêpes... Ils ont ensuite réalisé en laboratoire des expérimentations olfactives sur 2 types d’insectes à l'aide d'olfactomètres

  • des fourmis qui sont les visiteurs habituels des feuilles de la plante carnivore;

  • et des mouches qui sont les visiteurs habituels des fleurs de la même plante.

Les mouches et les fourmis doivent choisir entre un compartiment témoin contenant seulement de l'air pulsé et un autre contenant de l'air pulsé avec des effluves d'urnes fraîchement découpées. Les chercheurs ont constaté qu'en l'absence de stimulus visuel, les insectes allaient préférentiellement dans la partie odorante et que les mouches étaient plus attirées par les effluves d'urnes aériennes que les effluves d'urnes terrestres. Bref, les insectes sont attirés par certaines odeurs en particulier… que la plante va être capable de produire pour les piéger!

Les scientifiques étudient avec grand intérêt les pièges parfumés des plantes dans l’espoir de pouvoir s’en inspirer et développer des programmes de lutte contre les insectes ravageurs de cultures ou contre les vecteurs de maladies tels que les moustiques.

L’OUÏE

On pourrait imaginer qu’une plante n’entend pas, car elle nous semble muette et elle ne possède pas d’oreille! Et bien non seulement la plante est capable d’entendre des sons, mais elle peut aussi en produire. Ses sons ne sont pas dans la gamme audible pour l’homme, c’est la raison pour laquelle bien des végétaux nous apparaissent silencieux… mais il n’en est rien!

Prenons l’exemple du maïs. Cela reste difficile à expliquer, mais les fait sont là : le maïs capte les sons! Monica Gagliano, chercheuse de l’université d’Australie de l’Ouest, a fait germer des graines de maïs dans un liquide nutritif, avant d’y émettre des sons de différentes longueurs d’onde. Or, autour de la fréquence de 200 Hz, une proportion significative des racines s’inclinait vers la source du son.

Une telle capacité à détecter une vibration peut se concevoir car les plantes ont des capteurs mécaniques qui leur confèrent un sens du toucher. Mais à quoi pourrait leur servir l’ouïe? La chercheuse imagine : « Il pourrait s’agir d’un autre mode de communication, plus rapide et moins couteux en énergie que l’émission de composés organiques ». Elle souligne en effet que les arbres émettraient aussi certains sons.

Cette étrange audition végétale intéresse de nombreux chercheurs. Joël Sternheimer est un chercheur qui a découvert les « protéodies » ou comment activer ou inhiber la production de protéines des végétaux avec du son et des mélodies.

Une expérience insolite a été réalisée avec des plantes OGM. Certaines plantes ont donc été génétiquement modifiées pour ne plus émettre de composés volatils (GLF) qui fait que les autres plantes peuvent capter sa présence et entrer en communication. Étonnamment, mises en présence de ces autres plantes OGM « silencieuses », les plantes non modifiées ne « parlent » pas. Elles n’émettent aucun composé volatil! Elles n’entendent pas, donc elles ne répondent pas!

Avec cette expérience, on constate que le silence fait taire les plantes, ce qui veut dire que les plantes entendent bien leurs voisines.

LE TOUCHER

Pour illustrer le sens du toucher, prenons l’exemple d’un pré. Dans un pré se trouvent des dizaines de plantes qui captent en continu des centaines de signaux de ce qui se passe autour d’elles. On pourrait croire qu’une plante ne bouge pas, ne change pas, mais ce n’est pas du tout le cas. Les plantes modifient sans cesse leur forme et leur composition chimique. Leur actions sont imperceptibles pour l’homme car les mouvements sont très lents et invisibles à l’œil. Un coup de vent, une morsure d’insecte, un rayon de soleil, etc., le moindre évènement ressenti et des milliers de gènes s’activent.

Prenons l’exemple du concombre anguleux (de son mon latin Sicyos angulatus), une plante qui reste au ras du sol, elle ne parvient pas à pousser en hauteur. En effet, si le concombre anguleux s’élève de plus de 30 centimètres du sol, alors sa tige se courbe et il reste confiné au sol. Il ne parvient pas à garder sa tige rigide. Mais cloué au ras du sol, comme il a peu de lumière, il doit donc s’agripper à d’autres plantes pour pouvoir s’élever. Pour se faire, il a développé des organes d’une sensibilité au toucher fantastique : des vrilles, qui telles de longs doigts déployés, tournoient en s’allongeant, cherchant la rencontre avec un support salvateur autour duquel elles vont pouvoir s’enrouler.

M. Daniel Chamovitz, de l’université de Tel Aviv en Israël, explique qu’en déposant un fil d’un poids de seulement 0,25 gramme sur la vrille, on provoque son enroulement. En comparaison, un doigt humain ne parvient à détecter un fil identique que lorsque son poids atteint 2 grammes.

LE GOÛT

Une plante toxique ou plante vénéneuse est une espèce végétale qui contient dans certaines de ses parties, parfois toutes, des substances toxiques, principalement pour l'homme ou les animaux domestiques. Les substances toxiques contenues dans les plantes sont généralement des composés organiques, plus rarement minéraux. La toxicité se manifeste le plus souvent par l'ingestion de la plante, mais aussi à son contact.

La toxicité d'une plante dépend de nombreux facteurs, comme de la partie de la plante incriminée, de la façon dont l'organisme est entré en contact avec cette plante, de la dose à laquelle l'organisme a été exposé, de l'état général de cet organisme, etc. Contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas seulement les plantes exotiques qui contiennent du poison, des plantes qui nous sont familières peuvent aussi contenir des substances à hauts risques. Les plantes d'ornements constituent le plus grand risque puisqu'elles côtoient notre environnement, les enfants sont les plus exposés poussés par leur curiosité.

Heureusement, l'homme a appris à identifier et connaître les plantes toxiques, mais aussi à en tirer des substances qui, à faibles doses, ont des vertus psychotropes, médicinales ou stimulantes.

En 1907, 700 bovins ont été tués durant une seule nuit par l'ingestion de plantes vénéneuses en Australie!

Les poisons des plantes ont des effets différents selon les animaux qui les consomment. Par exemple, les porcs et les sangliers peuvent se nourrir de grandes quantités de glands, pourtant le tanin qu'ils contiennent est un puissant poison pour l'homme et les ruminants. Les oiseaux consomment régulièrement des baies, comme celles de la viorne, du sureau et de la belladone, qui sont hautement toxiques pour l'homme.

Les intoxications chez les animaux sont rares, leur instinct les empêche de toucher aux plantes toxiques, notamment à l'aide de leur odorat ou du goût.

CONCLUSION

Les plantes, les arbres, bref la Nature, contient une forme extraordinaire d’intelligence.


  • Lorsque nous regardons une fleur, nous sommes éblouis par sa beauté et nous ressentons de la joie. C’est une relation de cœur à cœur.

  • Lorsque nous regardons une plante grandir, nous sommes émerveillés. C’est une relation de cœur à cœur.

  • Lorsque nous nous promenons dans la forêt, les arbres nous apaisent, c’est une relation de cœur à cœur.

  • Lorsque nous marchons pieds nus dans l’herbe, nous nous rechargeons en énergie. C’est une relation de cœur à cœur.

Cette connexion à la Nature est possible parce que les plantes ont une intelligence ou, plus exactement, une conscience élémentale.